Le nombre de personne affectées par des maladies chroniques (obésité, diabètes, hypertension artérielle, etc.) est en croissance depuis plusieurs décennies partout dans le monde. Les dernières études scientifiques soulignent aujourd’hui la responsabilité d’un régime alimentaire majoritairement composé d’aliments ultra-transformés dans la prévalence de plus en plus élevée de ces maladies chroniques.
Dans le même temps, nos modes de production et de consommation non durables sont peu à peu en train de détruire notre planète, conduisant à une situation écologique plus préoccupante que jamais. Malgré une conscience croissante de l’urgence écologique, trop peu de gens pensent encore à l’impact environnemental de ce qu’ils choisissent d’acheter au supermarché.
Nous vous donnons 5 axes de réflexion pour questionner vos propres habitudes alimentaires et réfléchir à la façon d’adopter un régime alimentaire plus sain et durable.
1. Une vision holistique de l’alimentation est nécessaire pour bâtir un régime alimentaire plus sain
Au cours des 150 dernières années, l’essentiel des études scientifiques en nutrition ont été menées selon une approche dite “réductionniste”. L’approche réductionniste revient à considérer un aliment comme ni plus ni moins que la somme de ses parties, ignorant les propriétés liées à leur structure d’ensemble.
Selon cette approche les nutriments ou les calories sont ainsi considérées de manière isolée pour décrire un système complexe qu’est l’aliment entier. Pourtant lorsque nous mangeons une pomme, nous avalons une matrice alimentaire, c’est à dire un “aliment” et non simplement une somme de nutriments !
En utilisant cette approche réductionniste, la science a fragmenté et décortiqué l’alimentation pour en étudier ses effets sur la santé. Elle a isolé les glucides, les protéines, les graisses, les vitamines, les minéraux, etc., sans considérer l’assemblage lui-même, l’effet synergique de l’interaction des nutriments entre eux et l’effet matrice de l’aliment.
On commence seulement aujourd’hui à prendre conscience des limites de cette approche réductionniste et des erreurs auxquelles elle à pu conduire le système agro-alimentaire dans son ensemble. La science doit désormais considérer l’aliment dans une perspective beaucoup plus holistique, en étudiant à la fois sa composition en nutriments et son effet « matrice ».
Mais la science n’est pas seule à devoir mener sa révolution, le consommateur doit lui aussi apprendre à changer son regard sur les aliments ultra-transformés.
2. Les déterminants d’une alimentation saine ne se limitent pas à l’aspect nutritionnel
Aujourd’hui les recommandations nutritionnelles se limitent bien souvent à réduire la consommation de matières grasses, de sucre et de sel. Ces recommandations ne tiennent pas compte d’autres déterminants de l’alimentation tels que la socialisation, le cadre et le contexte du repas, le partage, le goût, les traditions culinaires et culturelles, etc. La notion de plaisir, qui est pourtant essentielle est elle aussi bien souvent omise.
Pourtant tous ces déterminants jouent un rôle fondamental sur notre rapport à l’alimentation, tant d’un point de vue psychologique que physiologique. Les recommandations nutritionnelles devraient cesser d’être purement théoriques pour tenir compte du style de vie des populations, des formes de commerce, de la socialisation, ainsi que des spécificités de l’offre alimentaire actuelle.
3. Nos systèmes alimentaires doivent prendre le virage du « durable »
Nombreux sont aujourd’hui les signes que notre système alimentaire actuel n’est pas durable. Il met en péril les trois dimensions principales de la vie sur terre : l’humain, la biodiversité et l’environnement.
Il touche, tout d’abord l’humain, son bien-être et sa santé physique. En témoigne l’augmentation constante de la prévalence des maladies chroniques liées à l’alimentation.
Notre système alimentaire compromet également la biodiversité et le bien-être des animaux qui sont menacés par notre énorme demande en protéines animales. Or cela n’est pas justifié d’un point de vue nutritionnel.
Enfin, notre environnement naturel est lui aussi affecté par notre système alimentaire. Le climat et la biodiversité sont menacés par nos techniques d’élevage qui contribuent de manière significative aux émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons donc besoin d’une nouvelle orientation en matière d’alimentation, plus responsable et consciente. Les recommandations liées à ce changement d’orientation doivent être réalistes d’un point de vue pratique et économique et permettre de promouvoir un système alimentaire durable, écologique et harmonieux pour notre planète.
4. Il faut tenir compte du degré de transformation des aliments que nous mangeons
Les recommandations nutritionnelles actuelles ne sont pas toujours suivies par la population et ne répondent pas pleinement à leurs objectifs. Cela se reflète dans les taux élevés de maladies chroniques qui augmentent chaque année en France et dans le monde entier.
Ces maladies d’industrialisation ont été directement associées à l’augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés. C’est pourquoi il est urgent de réagir et d’élaborer des recommandations pertinentes et préventives en matière de santé et de nutrition.
Nous avons donc besoin de recommandations holistiques qui se fondent sur la classification des aliments en fonction de leur degré de transformation. Cela permettra d’aider les consommateurs à améliorer la qualité nutritionnelle de leur régime alimentaire en choisissant des produits de qualité, bons pour leur santé.
5. L’industrie agro-alimentaire doit se remettre en question
Nous faisons confiance à une industrie agro-alimentaire de plus en plus massifiée, automatisée et intensive pour répondre à notre besoin élémentaire de nourriture. Elle nous a apporté l’abondance à portée de main à des prix toujours plus faibles.
Malheureusement nous nous sommes trop peu posé la question de l’envers de la médaille. A quel prix ce miracle des temps modernes a-t-il été rendu possible ? Mal orientée par le paradigme réductionniste, cette industrie a adopté des procédés et pratiques dont nous questionnons aujourd’hui l’impact sur la santé humaine et la planète (ajout d’additifs en tous genres, dénaturation des ingrédients, synthèse chimique, cultures et élevages intensifs, etc.).
Sans l’industrie alimentaire telle qu’elle existe aujourd’hui, il nous serait pourtant très difficile de nous nourrir. Et il ne faut pas oublier que ce sont aussi les attentes du consommateur (accessibilité, prix) qui ont dicté son évolution de l’industrie agro-alimentaire. C’est pourquoi nous devons aujourd’hui échanger et collaborer de façon pragmatique avec cette industrie pour y faciliter l’adoption à tous les niveaux des principes de base d’un régime alimentaire plus sain et durable.