La médecine traditionnelle ayurvédique est, comme sa consœur chinoise, vieille de plusieurs millénaires. Elle a vu le jour dans la région du monde appelée aujourd’hui l’Inde et repose sur un certain nombre de principes.
Ayurveda signifie « connaissance de la vie ». Cette approche se fonde sur trois principes fondamentaux : les Doshas, au nombre de trois, sont des énergies biologiques qui émanent de la force vitale, appelée Prana, et assurent l’équilibre. Il y a ensuite les Dhatus, les tissus qui constituent l’ensemble de l’organisme et, enfin, les Shrotas, les différents canaux internes qui permettent l’assimilation et l’élimination.
Comme dans toute médecine traditionnelle, l’alimentation est centrale
Les aliments ingérés puis assimilés ont pour rôle de nourrir l’énergie vitale, garante d’une bonne santé physique et psychique. Aussi, en Ayurveda, tout aliment doit être porteur d’énergie à transmettre au système digestif pour ensuite l’être à l’ensemble de l’organisme.
Comme en médecine traditionnelle chinoise (MTC), le feu digestif (agni) est au cœur du mécanisme de digestion, en agissant comme le carburant qui « brûle » les aliments pour les transformer en nutriments dont vont se nourrir l’ensemble des cellules. Son intensité (forte ou faible) et sa régularité détermineront l’état du système digestif : harmonieux ou déséquilibré.
Un feu digestif qui fonctionne mal entraînera lourdeurs, fatigue post-prandiale, ballonnements, voire diarrhées, constipations ou douleurs abdominales. L’alimentation industrielle est en cause, le sont aussi les repas pris à la va-vite, mal mastiqués, irréguliers, sans réel appétit, dans le stress ou encore devant un écran. Ces habitudes sont autant de freins pour générer suffisamment d’énergie de vie et d’accélérateur, en revanche, de pathologies en tout genre.
Une alimentation 100 % naturelle
Les aliments puisent leur énergie dans la terre et par la lumière. Dès lors qu’ils subissent une ultra-transformation, ils perdent leur énergie vitale et ne sont plus en mesure de nous en apporter. La médecine ayurvédique recommande donc de manger végétal, vrai et varié, de saison et en conscience.
Aucun aliment n’est interdit, à partir du moment où il est issu de la terre et le moins transformé possible. Néanmoins, les protéines animales appellent à la parcimonie, étant plus difficiles à digérer, donc privant l’organisme d’une partie de son énergie.
Les protéines végétales sont donc particulièrement indiquées. Qui ne s’est pas déjà régalé d’un dhal, le traditionnel riz-lentilles corail aux épices, un plat typiquement indien et complet, notamment en termes de protéines, puisqu’il associe féculent et légumineuse.
Le rapport à l’animal est aussi, en Inde, particulièrement marqué, celui-ci jouissant d’un statut particulier, sacré, octroyé par la religion hindouiste notamment, prégnante dans cette partie du monde. Aussi les végétariens sont-ils nombreux et la consommation de viande réduite.
Les trois tempéraments et les six goûts de la table ayurvédique
Une table ayurvédique est idéalement composée de six goûts : sucré (haricots, huiles, légumes racines, fruits secs, etc.), salé (poissons, sel), astringent (asperges, pruneaux, poire, etc.), piquant (ail, épices, moutarde, etc.), amer (choux, chocolat, olives, etc.) et acide (fromages, agrumes, etc.).
Chacune de ces saveurs est porteuse d’une énergie spécifique, réchauffante (salé, acide, piquant) ou rafraîchissante (sucré, amer, astringent).
Différents éléments comme la constitution de base d’un individu (parmi les trois Doshas, soit Pitta, Vata ou Kapha), qui implique de se connaître, soi et ses besoins spécifiques, et sachant que personne n’est 100 % l’un ou l’autre des Doshas, ses déséquilibres du moment et sa capacité digestive (forte ou faible) permettent d’établir la manière de s’alimenter la plus adaptée.
L’âge et la saison sont aussi à prendre en compte. Pour tous, il est recommandé d’éviter les fruits au moment ou à la fin d’un repas, pour qu’ils n’interfèrent pas dans le processus de digestion, ainsi que les boissons froides ou glacées. La température ambiante, pour les boissons comme pour les aliments, est la plus indiquée. Autrement dit, tout ce qui nuit au feu digestif, en le surchargeant, l’affaiblit voire l’éteignant, est délétère.
L’alimentation ayurvédique est subtile et personnelle
À l’image de la constitution ou Dosha de chacun, subtile, mouvante et en aucun cas immuable ni figée, l’alimentation ayurvédique est à adapter en fonction de l’existence de chacun, de son appétit et de ses envies. Autrement dit, elle invite à l’écoute de soi-même et à l’harmonie, autant que possible, avec le reste du monde vivant, en réduisant notamment sa consommation de produits carnés et en privilégiant ce que la Nature a à nous offrir, à savoir une variété de végétaux nutritionnellement sans pareil, dès lors qu’on les consomme peu ou pas transformés, selon leur saisonnalité et à proximité.