L’économie circulaire est un modèle économique systémique. C’est un système de production et d’échange s’appuyant, d’un bout à l’autre de la chaîne, sur la durabilité des biens et des services. Ce paradigme a vu le jour avec le nouveau millénaire, à l’initiative de précurseurs alarmant sur l’urgence écologique.
Une économie aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux
Ce modèle implique de changer de perspective par rapport à l’économie dite linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter). On fait ici appel à des mutations profondes, tant des modes de production que de consommation. L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) en montre la pertinence en 3 domaines et 7 piliers interagissants.
Les enjeux de l’économie circulaire pour l’alimentation
L’alimentation, de la production à la consommation, en croise plusieurs. L’approvisionnement durable, à travers l’offre des acteurs économiques, prend en compte les impacts environnementaux et sociaux des ressources utilisées (extraction, exploitation). La consommation responsable concerne la demande en termes d’achat, de consommation, d’utilisation.
La gestion des déchets croise l’offre et la demande. Pour l’un comme pour l’autre, le gaspillage est considérable, tant sur le plan économique qu’écologique. La production alimentaire est, pour l’heure, un secteur d’activité qui essuie de lourdes pertes financières. Il génère également un gaspillage très conséquent.
Côté consommateurs, le gaspillage alimentaire représente 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gaspillées chaque année, soit un tiers de la production totale en France.
Contribuer à cette transition en privilégiant une alimentation végétale, vraie et variée
Manger végétal
La consommation de végétaux, sous réserve d’avoir été cultivés en saison, sans produits phytosanitaires ni serres chauffées, a un impact bien moins délétère sur les exploitations agricoles et forestières que celui des produits carnés, dont la production est grosse consommatrice de ressources naturelles.
En effet, la production de viande notamment requiert d’énormes quantités de céréales (pouvant être d’origine OGM). Elles peuvent être produites en monoculture intensive gorgée d’intrants, à l’origine de changements des structures des territoires et de pollution des eaux, mais aussi de gaz à effet de serre.
Ce type de production, à l’heure actuelle, représente un enjeu pour la biodiversité et un énorme gaspillage des ressources naturelles.
Une alimentation végétale permet aussi de trier ses déchets organiques (épluchures, déchets recyclables) pour en faire du compost, afin de les recycler eux aussi. Ce compost retourne à la terre, dans la production agricole en guise d’engrais vert vertueux au lieu de produits phytosanitaires pollueurs, et la boucle est bouclée.
Manger vrai
La transition vers une économie circulaire appelle aussi à manger vrai, autrement dit, sans processus de raffinage ni d’ultra-transformation.
On peut l’associer à une économie de la frugalité. Ainsi, manger mieux permet de manger moins, d’autant que l’impact est ici triple : environnemental, économique et sanitaire. Les aliments entiers sont plus rassasiants que ceux raffinés ou ultra-transformés et plus vertueux pour l’environnement, le porte-monnaie et la santé.
Manger vrai est aussi soutenir et valoriser les terroirs et les savoir-faire régionaux. L’authenticité de leurs produits et des goûts invitent de même à la qualité plutôt qu’à la quantité.
Manger varié
Contribue aussi à cette transition. Varier sa consommation de céréales et de légumineuses, de fruits et de légumes selon les saisons réduira la monotonie des habitudes alimentaires (du tout blé aux tomates toute l’année) et par là même, les monocultures (blé, maïs et soja notamment) à l’origine du déséquilibre de la biodiversité.
Végétal et local, c’est l’idéal
Cela est, en outre, bien plus compatible avec une alimentation produite localement. D’une part, l’approvisionnement en circuit court, sur les marchés par exemple, génère moins d’emballages, notamment en plastique, donc une économie des ressources naturelles.
D’autre part, la demande, en augmentant, permettrait à l’offre de se diversifier, surtout en termes de protéines végétales, ainsi que de sécuriser la production, donc l’économie à l’échelle locale.
D’une pierre deux coups, manger local permet la création d’emplois non délocalisables et réduit l’impact carbone des transports de marchandises ne dépassant pas une distance dite régionale.
Comment devenir consomm’acteurs ?
Commençons par des petits actes
Une alimentation végétale permet aussi de trier ses déchets organiques (épluchures, déchets recyclables) pour en faire du compost, afin de les recycler eux aussi. Ce compost retourne à la terre, dans la production agricole en guise d’engrais vert vertueux au lieu de produits phytosanitaires pollueurs, pour un retour à la source.
En effet, la démarche invite à toujours chercher à améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources. Le zéro déchet étant le maillon essentiel de cette économie circulaire, pour faire face à l’épuisement prévisible des ressources.
Ce paradigme a pour objectif de baisser les flux de matières extraites des sols. Autrement dit, de les faire circuler au maximum. Les végétaux, qui ont principalement besoin de soleil et de minéraux, génèrent pas ou peu de gaspillage. Cela reste sous réserve que ce qui est produit ne soit pas en partie gaspillé.
Les consommateurs ont un rôle majeur sur l’économie en général, rôle qui reste à jouer pour qu’elle devienne circulaire. Il est grand temps de prendre en compte les impacts environnementaux à travers nos achats, autrement dit, de consommer responsable.
S’orienter vers les externalités positives
Il existe, en économie, le concept d’externalités négatives désignant les dommages créés par un acteur économique à des tiers, sans qu’il y ait contrepartie monétaire ni compensation. Si l’amiante avait intégré dans son prix de vente le coût pour la collectivité des cancers et du désamiantage des bâtiments, le matériau aurait probablement été tout bonnement écarté du fait d’être hors de prix.
L’agriculture conventionnelle est le secteur qui crée le plus d’externalités négatives. On pense ici au coût des pesticides abondamment répandus. Ils peuvent détruire la biodiversité, asphyxier les sols, polluer les eaux, et empoisonner les citoyens.
Si ce coût était pris en compte dans le prix à payer, soja transgénique et tomates hivernales vaudraient bien plus cher. Ce coût n’est, pour l’heure, pas pris en compte.
Le préventif moins cher que le curatif est une des lignes de l’économie circulaire. Elle est alors orientée vers les externalités positives : offrir, sans contrepartie monétaire, un avantage, ici environnemental et sanitaire.
Tous responsables de l’avenir
Les scientifiques n’ont cessé d’alerter sur l’urgence écologique. Ils établissent aujourd’hui un lien direct entre les bouleversements environnementaux et la crise sanitaire que nous traversons à l’échelle mondiale.
Nos modes de production et de consommation, depuis ces cinquante dernières années, ont d’énormes conséquences sur l’équilibre de notre écosystème. « L’enjeu [nous dit Romain Ferrari] n’est pas petit mais vaste, il concerne le métabolisme des activités économiques. »
Il ne reste qu’à souhaiter une véritable volonté politique, outrepassant la désuète vision court-termiste. Celle-ci mettra pleinement en application cette économie circulaire, qui adhérera à ses valeurs et en portera les principes.
En attendant, à l’échelle individuelle, manger végétal, vrai et varié, c’est contribuer lentement mais sûrement à cette transition vers une économie circulaire. Cette économie du vivant économise et épargne ces ressources désormais drastiquement limitées.