Quelles sont les conséquences d’une alimentation occidentale pleine d’aliments ultra-transformés ? Comment peuvent-ils modifier la composition de notre microbiote ? Quelles sont les conséquences de cette dérégulation sur notre santé ? Dans cet article, nous répondons à toutes ces questions.
Il s’agit d’une synthèse de deux études scientifiques qui nous renseignent sur la relation entre l’alimentation riche en aliments ultra-transformes, le microbiote et la santé.
Après avoir lu cet article, vous comprendrez peut-être mieux les causes de plusieurs de vos problèmes de santé.
Alimentation occidentale, microbiote et maladies métaboliques : étude des interactions
Les données chez l’homme se multiplient et montrent que le régime actuel occidental favoriserait une perte de diversité du microbiote (dysbiose) induisant une inflammation à l’origine de maladies inflammatoires et de certains troubles métaboliques.
C’est autour de ce sujet que plusieurs chercheurs norvégiens ont décidé de concentrer leurs efforts.
Depuis maintenant quelques années la production d’aliments ultra-transformés s’est intensifiée représentant ainsi 36% des aliments consommés en France, leur place dans le caddie des consommateurs est croissante.
L’alimentation occidentale est caractérisée par une consommation abondante en lipides non qualitatifs, trop riche en sucres rapides et pauvre en fibres.
L’étude pointe également du doigt les additifs alimentaires tel que les édulcorants et les émulsifiants que l’on retrouve dans la composition des aliments ultra-transformés et qui sont de plus en plus employés dans l’industrie.
Quels effets sur le microbiote ?
Les bactéries intestinales adaptent leur métabolisme notamment en fonction de l’apport en nutriments, avec une incidence sur les voies métaboliques et inflammatoires du corps humain.
En contact avec les aliments ultra-transformés, les membres du microbiome réagissent au changement de leur environnement (ex : émulsifiants, édulcorants) et accroissent le potentiel pro-inflammatoire du microbiote, qui favorise diverses formes de maladies liées à l’inflammation. Chez le rongeur cette perte de diversité est même transférée aux générations suivantes !
L’étude aborde les travaux de Clett Erridge qui a montré que les aliments ultra-transformés contiennent des PAMPs (pathogen associated molecular patterns) capables d’induire la libération de cytokines pro-inflammatoires (marqueurs biologiques de l’inflammation). Les PAMPs résultent de la croissance bactérienne entre la préparation et le traitement thermique des aliments (traitement long en industrie).
Selon les chercheurs, il serait temps de “réparer” les aliments en revenant vers des produits entiers. Les conseils diététiques devraient viser à améliorer la qualité générale du régime et mettre l’accent sur le degré de transformation des aliments.
Impact des émulsifiants alimentaires sur le microbiote et le comportement chez la souris
La notion d’influence de l’intestin, et des micro-organisme le colonisant sur nos émotions est en pleine expansion. Les recherches de ces dernières années ont montré l’influence de l’alimentation sur le microbiote intestinal et sur l’état inflammatoire mais qu’en est-il des plus récentes ?
Le régime alimentaire occidental actuel, riche en aliments ultra-transformés, s’accompagne d’un apport important d’additifs alimentaires. Ces derniers favorisent l’intrusion microbienne dans la barrière intestinale et altèrent la diversité du microbiote avec un potentiel pro-inflammatoire.
Cette étude a d’abord dévoilé que l’ajout de carboxyméthylcellulose (CMC) ou de polysorbate-80 (P80) dans les aliments, destinés à la fois à la conservation et à l’amélioration du goût et/ou de la texture entraînait une augmentation de l’adiposité abdominale.
Elle même associée à une inflammation intestinale chronique légère. Il est ressorti de cette analyse que le sexe des souris étudiées avait une incidence sur la composition du microbiote. En effet, le traitement avec émulsifiants a modifié le microbiote intestinal des mâles et des femelles de manière différente.
Les changements de comportements sont-ils différents selon le sexe ?
Les chercheurs ont ensuite cherché à déterminer l’impact que pouvait avoir la consommation d’émulsifiants et les modifications associées de la composition du microbiote sur le comportement.
Chez les mâles, la consommation de CMC et de P80 sollicite la libération de l’hormone qui stimule la prise de nourriture et réduit les comportements analogues à l’anxiété. Chez les femelles, on observe une réduction des comportements sociaux.
Bien que ces effets ne puissent pas être facilement interprétés en termes de changements sur le plan d’anxiété et de l’activité, ils supposent que le recours aux émulsifiants a un retentissement dans les comportements.